Quel est l'intérêt du pâturage mixte (équins-bovins) ?

Quel est l'intérêt du pâturage mixte (équins-bovins) ?

Utilisée depuis déjà plusieurs décennies par les éleveurs, la technique du « pâturage mixte » fait de plus en plus parler d’elle. Elle consiste en l’intégration de différentes espèces herbivores sur une même surface simultanément ou de manière alternée sur une saison de pâturage. Les bénéfices semblent depuis longtemps connus des éleveurs mais très peu d’études scientifiques les ont prouvés. Au Pin en Normandie, l’INRAE et l’IFCE ont mené un projet de recherche nommé PaturBovEquin.

Après 3 années, les données recueillies révèlent déjà des résultats encourageants. Trois tendances ont ainsi pu être relevées au niveau de la prairie, du comportement et de la santé des animaux.

Résultats sur les prairies

Concernant le premier point, les comportements alimentaires complémentaires des deux espèces permettent de mieux valoriser les prairies. Les bovins ingèrent l’herbe délaissée par les chevaux (zones de refus) et vice versa. Il en résulte une meilleure croissance de l’herbe, de meilleure qualité, plus riche avec une diversité floristique plus importante. Avec un pâturage mono-spécifique (chevaux uniquement), la richesse spécifique c’est-à-dire le nombre d’espèces végétales diminue rapidement au bout de 2-3 ans et perd ainsi en qualité. Une autre étude réalisée en Camargue a, quant à elle, montré une meilleure richesse faunistique par l’accroissement de ressources alimentaires pour les oiseaux d’eaux granivores et herbivores.  D’autres études montrent des effets positifs sur les oiseaux ou les insectes comme les pollinisateurs.

Résultats sur la santé des chevaux

L’autre point concerne la santé des animaux. Une étude menée dans des élevages du Massif central a montré que les animaux (chevaux, poulains) conduit en système mixte excrétaient deux fois moins d’œufs de strongles que leur homologue en pâturage simple. Cela permet de réduire la vermifugation des chevaux et ainsi diminuer les problèmes de résistances des parasites. Les bovins, en ingérant les larves de parasites sur la parcelle exercent un « effet de dilution » : les parasites ont une probabilité plus faible d’être transmis aux chevaux qui y sont sensibles. Pour information, il existe une seule espèce de strongles commune aux équins et bovins : Trichostrongylus axei.

Une autre tendance relevée durant ce projet aussi bien du côté des bovins que des équins est une meilleure croissance des animaux. Certains professionnels n’imaginent d’ailleurs même pas produire des animaux de qualité sans cette mixité.

L’objectif de ce projet est d’établir un protocole de référence pour les professionnels et de connaître les bénéfices et les limites d’une telle gestion. Les résultats seront publiés ultérieurement et apporteront sans doute de réels conseils pour la gestion des pâturages mixtes bovins-équins.

Enfin, de manière générale, les pâturages mixtes peuvent permettre une diversification des revenus et donc une stabilité financière plus sûr en cas de valorisation des deux espèces, une plus forte production à l’hectare, une flexibilité vis-à-vis du marché et de l’évolution des prix, la minimisation des résidus chimiques provenant des vermifuges dans les viandes et dans l’environnement, un gain de temps avec la limitation de la gestion mécanique des zones de refus, une limitation aux recours aux intrants et par conséquent, une méthode de production plus raisonnée et permettant de répondre à l’attente du public.

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Sources :
INRAE
Equipedia

encyclopediapratensis