Comment reconnaître les signaux de mal-être chez votre cheval ?

Comment reconnaître les signaux de mal-être chez votre cheval ?

Naturellement, les chevaux consacrent en moyenne 15h par jour à la recherche et à la consommation de nourriture et peuvent ainsi parcourir plus de 20 km chaque jour tout en interagissant avec d’autres congénères. Néanmoins, les conditions de vie offertes aux chevaux domestiques peuvent être en deçà des normes de bien-être et peuvent être à l’origine de mal-être. Une limitation du temps consacré à l’alimentation, une réduction des contacts sociaux et des déplacements, accroissent les risques de troubles physiologiques (ulcères gastriques, coliques, anomalies au niveau du tube digestif…) mais aussi comportementaux. Certains troubles comportementaux doivent vous alerter sur l’état de santé de votre cheval. Il en existe plusieurs : 


1. Les stéréotypies

Les tics ou stéréotypies sont des comportements répétitifs et indésirables chez les chevaux, souvent liés au stress, à l’ennui, au manque d’activité et de stimulation ou à d’autres problèmes sous-jacents. Ils peuvent avoir des conséquences néfastes sur la santé physique des chevaux, comme une usure excessive des dents et une perte de poids. La communauté scientifique s’accorde à dire que la présence de comportements stéréotypés est généralement associée à des conditions de vie peu favorables, voire sous-optimales en termes de bien-être (quantité journalière de fourrage trop faible, absence de contacts sociaux, restriction des mouvements, mode de sevrage brutal…).

Ces comportements nécessitent une attention particulière pour identifier et traiter la cause du stress ou de l’ennui chez votre cheval. Voici quelques stéréotypies courantes :

  • Le tic à l’appui : le cheval fait grincer ses incisives contre un objet, généralement sur la porte de son box ou sur des piquets de clôtures en bois, causant des dommages considérables sur ses dents.

  • Le tic à l’air : le cheval adopte la même posture d’encolure que pour le tic à l’appui et produit le même bruit, mais sans prendre appui sur un support.

  • Le tic de l’automutilation : le cheval s’inflige des morsures sur les flancs, le ventre, les membres et d’autres parties du corps qu’il peut atteindre.

  • La lignophagie : cela se caractérise par l’ingestion de bois.

  • Taper au box (stall-kicking) : le cheval tape de façon incessante sur la paroi de son box avec un antérieur ou un postérieur.

  • Le tic de l’ours :  le cheval balance continuellement son encolure d’un côté à l’autre en transférant successivement le poids de son corps d’une jambe à l’autre. Ce mouvement est généralement exécuté devant la porte du box.

  • Le tic à l’encensé : le cheval hoche violemment sa tête et son encolure de haut en bas de façon répétitive.

  • Le tic déambulatoire : le cheval tourne inlassablement dans son box, fait des allers-retours le long de la clôture…

Illustrations : Tic à l'appui sur la clôture - Source : © Paul Brennan, Pixabay

2. Les comportements répétitifs anormaux

D’autres comportements répétitifs et anormaux peuvent être des indicateurs de mal-être :

Les morsures ou le léchage compulsif et répétitif d’un même objet dans son environnement ou d’une partie de son corps ainsi qu’un frottement de dents sur la partie supérieure de la porte du box, des claquements de dents, des mouvements de mastication, de déglutition, et d'extension de la langue ne doivent pas être négligés.  Ces comportements ne sont pas anodins. En effet, le machouillement peut-être associé à de la relaxation et être un signe de détente lors de soins ostéopathiques par exemple, mais dans d’autres contextes, il peut être s’apparenter à du stress ou de l’inconfort.

Par ailleurs, le bâillement est généralement considéré comme un signe de relaxation, associé, par exemple, à des phases de pré-sommeil. Cependant, s’il se produit de manière très répétée, il peut être interprété comme un indicateur de mal-être lié à de la frustration (Fureix et al 2011).

En parallèle, le Flehmen (relèvement de la tête avec recourbement de la lèvre supérieure pour faire rentrer de l’air et inhaler des odeurs) est une réaction normale lors de l'inhalation de fluides âcres et est fréquent chez les étalons pour détecter les phéromones des juments en chaleur. Toutefois, si ce comportement se produit en dehors de son contexte, il peut être un signe de douleur ou d’inconfort. Il peut être observé chez certains chevaux souffrant d’ulcères ou de colique.

Illustration 1 : Extension de la langue - Source : © Petra, Pixabay

Illustration 2 : Bâillement - Source : © Alexa, Pixabay

Illustration 3 : Flehmen - Source : © amar42, Pixabay

3. Les signes d’agacement, de frustration ou d’ennui

Le fait de lancer de tête ou de tourner la tête ou de gratter le sol avec l’antérieur de manière rythmique, sont des signes de frustration ou d’agacement qui peuvent survenir, par exemple, lorsque le cheval anticipe la distribution de nourriture.

Les actions de mordre, de lécher ou de se frotter contre des objets tels que la paroi du box, ou mangeoire reflètent souvent la frustration causée par l’incapacité à trouver une posture confortable ou à soulager un inconfort prolongé. Ces comportements peuvent également résulter de l’ennui.


4. Les comportements agressifs ou craintifs

Une augmentation de l’agressivité accrue envers les humains ou d’autres animaux (mordre, donner des coups de pied, charger de tout son poids…) peut découler d’une situation de stress, d’inconfort importante (douleur, incompréhension, peur, besoin de s’exprimer, de bouger...)  ou à la suite d’un choc posttraumatique par exemple. L’agressivité peut se manifester par des oreilles rabattues, un balancement de la tête, des tentatives ou menaces de morsures ou de coups de pied, ainsi que des dents découvertes.

Les chevaux peuvent par ailleurs manifester des comportements de peur ou de soumission envers l’humain ou d’autres chevaux en évitant toute interaction et en se recroquevillant au fond de son box ou de son abri, comme s'il était menacé.

Illustration : Agressivité

5. L’hypervigilance ou hyperréactivité à l’environnement et aux stimuli

Une augmentation significative de l’attention envers d’éventuelles menaces se manifeste par des postures d’alerte. Ces postures se caractérisent par l’élévation de l’encolure, la fixité des paupières et du regard, l’orientation et la fixité des oreilles en direction de la menace potentielle. Les naseaux peuvent se dilater, et les pupilles peuvent s’agrandir, indiquant ainsi de l’inquiétude et de l’agitation. Les muscles du cheval peuvent également se tendre.

Cette posture peut évoluer vers une posture d’alarme, qui se distingue par des paupières largement ouvertes et une encolure plus relevée. Le cheval peut aussi émettre des signaux vocaux tels que des ronflements ou des soufflements, et se mettre en mouvement.  

Illustration : Posture d'alarme - Source : © N. Genoux

6. L’insensibilité à l’environnement

A l'inverse, l’inactivité, l’insensibilité et le désintérêt envers divers stimuli et interactions témoignent d’un profond mal-être. La posture de retrait ou de repli se manifeste par une expression apathique, une attitude dépressive avec des yeux ouverts, mais vitreux, une encolure étendue en position basse ainsi que des oreilles orientées vers l’arrière, tombantes ou asymétriques et abaissées sur les côtés.


Savoir détecter et identifier les signaux de mal-être de votre cheval vous permettra de réduire et même résoudre les sources de stress ou les causes du mal-être. Toutefois, pour prévenir ces comportements indésirables, nous vous recommandons d’adapter l’environnement et l’alimentation de votre cheval en respectant ses besoins fondamentaux. En cas de suspicion ou de dégradation de l'état de santé de votre équidé, il est vivement conseillé de consulter un vétérinaire.


Source :

C. Torcivia et S. McDonnell, « Equine Discomfort Ethogram », Animals (Basel), vol. 11, no 2, p. 580, févr. 2021, doi: 10.3390/ani11020580.

N. G. BRIANT;, « Les indicateurs de bien-être du cheval au travail ». Disponible sur : https://equipedia.ifce.fr/sante-et-bien-etre-animal/bien-etre-et-comportement-animal/outils-devaluation/les-indicateurs-de-bien-etre-du-cheval-au-travail

C. Lesimplea , C.Fureixab, M. Hausbergera; "Détecter bien-être et mal-être chez le cheval : difficultés et solutions". Disponible sur : https://www.ares-ac.be/images/Toss/Q201707/francais-anglais-textes/20170705_PM_texte_francais.pdf